La Vie Nue

Cie Daïmon
théâtre / musique - réemploi

RéSUMé

Extrait du texte de Joël Vernet, La vie nue :
"SON PAS trace la première phrase dans la lumière du jour. Ce n’est pas un sillon, une entaille dans la terre, une présence avérée. C’est une lumière d’aube pour un pas très ancien, un pas d’éternité. Elle va, nonchalante, c’est ainsi que je l’aperçois sur l’asphalte brûlé par le soleil d’une journée d’août. Elle jaillit sous nos yeux telle une apparition. Elle marche. Elle marche les bras vides. On la voit folle ; on la dit folle. Elle semble aller dans un mirage, nous offrant son vertige, le diamant de sa propre folie. La vie, dans sa tête, a volé en éclats. Il n’y a plus que cendres sous son pas, plus que cendres et mystères. Elle paraît si fragile dans la transparence du réel. On dirait une feuille soulevée par les vents, un flocon dans un ciel d’hiver. "

Scénographie

La scénographie évolue comme le narrateur voyage dans son texte et dans sa tête. De détails en détails, l'histoire et la mémoire se tissent. Les liens apparaissent. Des liens symbolisés par des rubans colorés attachés comme des drapeaux de prières, comme de souvenirs de voyage, à toute chose. Les éléments naturels dominent le tout venant rythmer par leurs sons, leurs odeurs et leurs aspects bruts les propos du texte et influencer le corps de la narratrice au plateau.
L’espace est celui d’un désert. Les objets qui y existent sont les témoins d’une vie d’usures, des objets qui sont porteurs de souvenirs. Ils forment ensemble un paysage. Le sable, aride, où l’agriculture peine, occupe le centre. Le corps s’y confronte directement et en garde les traces. Le sable est aussi le temps qui s’écoule et file entre nos doigts. La forêt, branches peintes mêlées de rubans, occupe les limites de l’espace. Tel la vieille femme ou l’enfant qui décore son bâton de marche, le bois est strié de lignes colorées. Ces motifs que l’on retrouve sur les terre-cuites sont aussi l’évocation des pays d’Afrique visités par l’auteur. Les rubans aux branches, agités par les vagues de vents qui les traverse, sont l’élément vivant de cet espace fossile. Les pots contiennent le sable, les pierres, la lumière... comme autant de mémoires fragiles, parfois brisées, qui nous rappellent que ce qui a le plus vécut a parfois le plus de valeur. Une bassine de cuivre contient l’eau rare qui lave les lentilles puis le corps. Une grande caisse en planches de bois disjointes se dresse à jardin. Elle est l’évocation de la frontière et du cercueil. De ses entrailles, une vague de tissus ondoyant s’échappe pour venir recouvrir de ses eaux le sol du plateau. Comme une marée qui laisse derrière elle dans le port l’humidité, la pluie et le froid.

Équipe de création

texte de Joël Vernet, Julie Tarnat (interprétation, mise en scène), Fabienne Charles (composition et claviers), Xavier Boyer (création sonore), Anne Martin (Regard extérieur et conseils chorégraphiques), Sarah Bisson (scénographie)

Année(s) de création

2022 - en cours

Credit photo : Romane Boyer, Sarah Bisson

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